jeudi 23 février 2012

de la Manche à la Mer du Nord

Une belle étape de pratiquement 48 heures m’a conduit de Cherbourg à Harwich/Ipwich au Nord de l’estuaire de la Tamise, poussé par un vent comme il faut en force et direction.


Une caractéristique de cette partie de la Manche est le Schéma de Séparation du Trafic (TSS) qui régit les routes des cargos pour franchir le Cotentin et surtout le pas de Calais. Pour passer de la France à l’Angleterre on est amené à traverser les rails montant et descendant, qui sont bien fréquentés, sans compter les pêcheurs qui traquent le poisson entre les deux. Traverser les rails de nuit ou par mauvaise visibilité était auparavant un peu angoissant, car on ne sait pas si quelqu’un, à bord de ces monstres qui déboulent de 12 à 25 nœuds (grosso modo de 20 à 40 km/h), a vu la ridicule coque de noix que représente un voilier et a pris soin de l’éviter. Aujourd’hui, par la grâce de l’électronique, on ne sait toujours pas si on est vu, mais on connaît exactement leurs vitesse, cap, la distance à laquelle ils passeront, et bien plus encore : type de bateau, dimensions, destination, etc…


 
Celui-ci n’est pas passé loin, à 150 m, est le Veerseduk en route sur le rail descendant à 12 nœuds, destination Dublin


 


Le rail montant a été traversé la nuit, le descendant de jour. Pour pimenter un peu la chose la courroie du pilote s’est détendue et a cassé quelques heures après une tentative de réglage de la tension, heureusement à la limite du rail montant, car le bateau a dérivé livré à lui-même sans gouvernail le temps du changement.


La bouée Greenwich à l’entrée du TSS du pas de Calais est en fait un bateau feu. Je l’ai rasé de nuit, donc pas de photo, mais j’ai retrouvé son sister-ship à Harwich où deux sont stockés.

Ces bateaux feux sont automatisés donc inoccupés, mais ils l’ont été pendant longtemps. Bonjour la « secouée » les jours de tempête. Et la hantise des occupants de ces embarcations sans moteur de propulsion était que la chaîne casse ou également de se faire rentrer dedans par mauvaise visibilité. Aujourd’hui la plupart de ces bateaux feu servent de musée.


Qui dit pêcheurs dit poisson, qui dit poisson dit oiseaux. Et effectivement il y avait beaucoup de pingouins.


 Je vois déjà quelques sourcils se froncer : "il est en plein délire se croyant déjà au-delà du cercle polaire". J’invite les sceptiques à visiter le lien


Le soleil a bien voulu montrer les falaises de Douvre sous un beau jour  

  
Et je me suis fait une belle frousse en voulant couper au milieu des bancs de sable le long de la côte. Poussé plein vent arrière, et donc avec pratiquement pas la possibilité de ralentir et encore moins de s’arrêter, voir la sonde descendre, lentement mais sûrement, jusqu’à 3 m accélère quelque peu le rythme cardiaque. Mais c’est passé.


Et enfin, la surprise de traverser nuitamment un énorme champ d’éoliennes offshore dont j’ignorais l’existence (bien qu’ayant côtoyé les spécialistes des énergies renouvelables pendant des années) et non repéré sur mes cartes. Il est difficile d’évaluer la nuit la distance à laquelle se trouve des lumières au loin. Initialement j’apercevais donc de nombreuses lumières que je plaçais sur la côte, "loin devant", m’apprêtant à aller piquer un petit somme, puisque aucun bateau dans le coin. Puis intrigué par le fait qu’il ne devait justement pas y avoir de côte devant (la technologie rend moins rigoureux), j’ai attendu de voir venir et me suis donc retrouvé en plein dans ce qui va devenir, à en en croire le net, le premier champ éolien offshore du monde : Taneth et London Array. Les tentatives de photos ont hélas échouées, les éoliennes n’étant que faiblement éclairées (voire pas du tout pour certaines !)


La côte est de l’Angleterre est assez active et les marinas sont souvent dans les ports industriels, offrant un paysage assez éloigné de celui des fjords norvégiens ! 




Mais ces ports font partie du paysage maritime et ont aussi leur charme. Entrer dans le port en même temps, et de nuit évidemment, que l’un des plus gros portes containers du monde actuellement en service (15000 EVP), donne une sacrée ambiance !


Il y a donc eu 2 nuits en mer lors de cette étape. L'ambiance est feutrée avec éclairage minimum, en l'occurrence par une lampe tempête (nostalgie, nostalgie).


et il n'y a pas grand chose d'autre à faire que ........ manger!!


d'autres nuits en perspective....


1 commentaire:

  1. parfait

    plein de belles photos
    et
    on peut le dire " il y avait du vent"
    car je te trouve Rapide
    Courage
    Pat Nareff

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